Monsieur Fleury de Vercel, auparavant curé de la Barèche, se retira à
Vernierfontaine pendant les mauvais jours de la Révolution. Il réussit à
s’y cacher pendant assez longtemps. Dénoncé et poursuivi, il fut arrêté
à Lavans les Villafans.
On l’enferma d’abord dans une prison à
Ornans, d’où on le tira pour le conduire à Besançon le 26 janvier 1799
avec un autre prêtre nommé Bergier et curé de Vercel. Quelques hommes de
Vernierfontaine aidés par des habitants de Fallerans, Vercel et Goux
essayèrent de les délivrer.
Ils attaquèrent à la Grange de Séry*,
(commune de Merey sous Montrond) les gendarmes qui conduisaient les
prisonniers. Cette tentative échoua.
Deux habitants de
Vernierfontaine y furent tués : Joseph Donzelot et Jean Baptiste Bolard.
Plusieurs autres, blessés ou non, furent découverts et envoyés dans
les prisons de Baume où d’ailleurs, ils n’y restèrent pas longtemps.
Extrait de la déposition de Pierre Joseph Marilly fils du fermier de
la Grange de Séry à l’époque des faits.
« Probablement l’agent
municipal de Mérey mit en réquisition deux hommes de la commune de Mérey
dont l’un s’appelait en nom sobriquet Mis (ou Mit ou Mil) et l’autre je
ne me rappelle pas de son nom, pour les enterrer ce qui eu lieu dans la
combe au midi de la maison de ferme, à environ 250 mètres de la maison
», … « lesquels après huit ou dix jours furent déterrés par ordre de la
justice, mais ils ne furent pas sortis de la fosse, seulement, on leur
lava la figure pour les reconnaître, et après ils furent recouverts de
terre.
La présente notice a été faite le dix huit octobre mil huit
cent soixante trois Ecrite de ma main et témoin oculaire de tout le
contenu. »
Extrait du Procès verbal d’Exhumation opérée sur le
territoire de Mérey le 3 octobre 1863
par J.B. Bouveret curé de
Mérey. Celui-ci est décédé à l’âge de 74 ans le 15 février 1878 à Merey
après 27 ans de présence à Merey. Il a été inhumé dans le cimetière de
Mérey.
Les actes publiés et les souvenirs traditionnels de
famille constatent que le vingt sept janvier, de l’an mille huit cent
(sic)(5 pluviose an 7) près de la ferme de Séry*, sur le territoire de
Mérey, deux hommes de Vernierfontaine, (Dt du Doubs, cton de Vercel) les
nommés Jean-Baptiste Baulard (sic), et Joseph Donzelot ont reçu une mort
glorieuse en cherchant à délivrer des mains des agents de la force
révolutionnaire quelques prêtres fidèles à l’Eglise et chers à leurs
âmes catholiques ; et qu’ils ont été enterrés ensuite dans la forêt
voisine appartenant aujourd’hui à Monsieur Philibert Léon, dans une
combe qui depuis est appelée la combe des morts.
Le trois octobre
de cette année mil-huit-cent-soixante-trois, Monsieur l’Abbé Bolard,
aumônier du lycée de Besançon, et neveu de l’une de ces généreuse
victimes, a pu enfin donner satisfaction à ses sentiments de piété
filiale et de religion, et muni de toutes les autorisations nécessaires,
procéder à l’exhumation des restes vénérés de son oncle paternel et de
son compagnon, avec l’assistance du Docteur Coutenot, médecin à
Besançon, et d’après les indications de ceux des habitants de Mérey qui
avaient quelque connaissance de ce mémorable fait, et surtout d’après
celle d’un nommé Marilly d’Epeugney, qui lors de l’évènement habitait la
ferme de Séry avec ses parents fermiers.
Les fouilles commandées
par monsieur l’abbé Baulard(sic) ont amené la découverte de deux
squelettes humains complets, dont les os quoique désunis, conservaient,
leurs places respectives. Ces deux squelettes ont été retrouvés
exactement dans la position indiquée d’avance par le-dit Marilly :
c'est-à-dire, repliés un peu sur eux-mêmes, superposés l’un à l’autre,
et la tête de l’un aux pieds de l’autre. On voyait aussi sur leurs
crânes les vestiges des blessures qu’ils avaient reçues dans le combat.
Un cercueil à deux cases, une pour chaque corps avait été amené sur
les lieux par monsieur l’abbé Bolard, et ces restes dignes de respect y
ont été placés par Mr le docteur Coutenot avec un soin religieux, en
présence d’un assez grand nombre de témoins, spécialement du sieur
Marilly, de plusieurs membres de la famille Philibert et de Mr l’abbé
Decreuse, de Villers, professeur au Séminaire de Luxeuil.
Le même
jour, à l’entrée de la nuit, j’ai été heureux de recevoir dans l’église
de Mérey, en ma qualité de Curé de cette paroisse, ces deux victimes, je
dirais volontiers ces deux martyrs de la foi catholique, et d’y faire
pour le repos de leurs âmes les prières de l’Absoute.
Aussitôt ces
restes précieux ont été conduits à Vernierfontaine, sous la garde de
Monsieur l’abbé Bolard et de plusieurs parents des deux défunts, pour y
recevoir dans le cimetière de leur paroisse natale une sépulture
ecclésiastique des plus solennelles.
Pour conserver le souvenir
d’un fait si intéressant, j’ai rédigé le présent procès- verbal, pour le
faire signer par les témoins de l’exhumation, et le remettre à Mr l’abbé
Bolard, après l’avoir transcrit sur les registres ecclésiastiques de la
paroisse de Mérey, sur le territoire de laquelle ces faits ont eu lieu,
et où les corps de ces deux chrétiens héroïques ont reposé pendant près
de soixante quatre ans.
Epitaphe sur la tombe de J.B.Bolard et Joseph Donzelot. A Vernier
Fontaine
« Ici reposent ceux qui attendent l’espérance
bienheureuse
et la venue de Notre Seigneur Jean Baptiste Bolard
et Joseph Donzelot qui dans le désordre impie du siècle précédent
comme la prêtrise était persécutée par des furieux
la défendirent
courageusement de leurs corps eux-mêmes percés de coups périrent en
l’an du Seigneur 1793
Seigneur pose sur leurs têtes
Une
couronne de pierres précieuses. »
Il y eu une erreur dans la
gravure de l’épitaphe car ils ont été assassinés en 1799 et non en
1793
Cette erreur de l’épitaphe se retrouve sur la relique. Mais ce n’est pas la
seule :
La tradition familiale a du, avec le temps, transformer ces
martyrs en ecclésiastiques ! D’autre part Marie Donzelot (sœur de Joseph)
épouse en 1804 Alexandre Charmoille. Joseph Donzelot était donc l’oncle des
Charmoille. La famille de génération en génération a sans doute oublié qu’il
ne s’appelait pas Charmoille… ?
A noter que Jean Baptiste Bolard était
lui-même le propre neveu de Joseph Donzelot.